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JOSENAL DES NOUVELLES DE PARIS 193 qu'elle doit à la conduite sage et intéressante de la pièce plus qu'à la beauté de la versification. Depuis quelque temps, l'amour conjugal gagne furieu- sement notre théâtre; on craint que la contagion ne passe dans le public, aussi ne voit-on presque que des fem- mes . Il y a eu hier bien du sang versé pour deux objets qui ne le méritaient guère. Deux jeunes gens, ou plutôt deux libertins, soupaient avec deux gueuses dans un ca- baret du faubourg Saint-Houoré ; trois drôles du môme acabit voulurent les leur enlever ; les possesseurs défen- dirent leur conquête et se battirent contre les trois ravis- seurs, jusqu'à ce qu'il en resta trois sur le carreau et les deux autres très-blessés ; on a porté les morts à la Morgue, et mené lesfillesau Châtelet. Ce sont gens de famille, mais joueurs, gros ivrognes et coureurs, et leur destinée est digne d'eux. Je ne sais si je vous ai fait part d'une anecdote touchant Bonier, le receveur général des estats du Lang'uedoc. Un oncle qu'il a président au Parlement de Provence, qui lo- geait chez lui et ainsi que ses fils craignant la dissipation des biens de son neveu que l'on prétend lui être substitué, s'était joint à M. de Chaunes pour faire interdire M. Bo- nier qui, tout riche qu'il est, n'a jamais passé ni pour généreux ni pour dissipateur. Le neveu qui a été informé des intentions de son oncle l'a mis dehors de chez lui aussi bien que ses cousins et on prétend qu'il travaille activement à son interdiction. Pour se venger,1 M. Bonier épousera la Petitpasjdont il est toujours extrêmement amoureux, surtout depuis que l'on assure qu'ils ont étéjfse "purifier ensemble de toutes les taches dé leur jeunesse. 13