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               PIERRES A ÉCUELLES ET A BASSINS                     173

tains blocs destinés à rappeler une circonstance ou un
événement dont le souvenir était de nature à se perpé-
tuer. Il était sans doute réservé à la tradition orale d'en
interpréter la signification et de la transmettre de géné-
ration en génération. Les pierres ainsi marquées revê-
taient de la sorte un caractère monumental dans l'accep-
tion la plus primitive du mot, à l'instar des menhirs et
des blocs que les patriarches élevaient en commémora-
tion d'un événement important. Elles étaient les auxi-
liaires naturels de la tradition, sans en être les interprètes,
comme c'était peut-être le cas des dessins et des tatouages
compliqués qui se trouvent ailleurs sur les monuments
mégalithiques. Cela était plus que suffisant pour les ren-
dre populaires. Il n'y a rien de surprenant à ce qu'elles
aient été l'objet d'une certaine vénération, puisqu'elles le
sont encore de nos jours dans certaines parties de l'Eu-
rope, où. elles sont connues sous le nom de pierres sa-
crées.
   En effet, MM. Piette et Sacaze écrivent au sujet
des superstitions qui régnent encore aujourd'hui à
l'égard des pierres sacrées dans les Pyrénées. On les
trouve souvent au voisinage des fontaines (1 ). Simples
blocs de granit porphyroïde ou de granit amphibo-
lifère, abandonnés sur la montagne par le glacier

  (1) Le culte des eaux est une des formels du naturalisme qui ont
précédé les religions philosophiques. Jl formait le fond de la religion
populaire à l'arrivée des Romains dans les Gaules. Pendant que les
Druides, traqués par les empereurs, disparaissaient lentement des
contrées celtiques, le culte du génie dss eaux, sans danger pour la
politique, fut légalement introduit clans le polythéisme romain qui
lesadmit avec ses propres dieux au titre &'augustes. (Gruter, Orelli).
Le christianisme ne put que le transformer et non le détruire. Il exor-
cisa les fontaines, s'empara des chapelles qui les avoisinaient, quel-
quefois les abolit. Malgré les prédications des missionnaires et la sé-
vérité des Conciles, l'usage de hanter les sources sacrées se conserva
à la faveur même des moyens employés pour le combattre, et si les