Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
              NOTICE SUR PHILIPPE THJERRÃŽAT                143

   Philippe Thierriat n'a jamais oublié celle qui lui a tenu
lieu de mère. Dans la Biographie d'Augustin Thierriat,
parue en 4876, dans la Revue du lyonnais, il lui consacre
une grande page, rappelle tous ses soins, son dévouement,
et lui rend publiquement, comme il le faisait chaque jour
à son foyer, l'hommage qu'elle avait si bien mérité.
   Nous avons appris par notre père à vénérer la mémoire
de cette sainte et modeste femme. Le dévouement n'est-il
pas plus beau quand il se cache sous les simples dehors
du devoir ? Après avoir élevé le père et l'avoir soigné pen-
dant la Terreur, Françoise Tisseron vouait aux fils ses
dernières années. Elle aimait surtout Philippe comme une
idole, comme son enfant à elle et, au fond de son âme, ne
savait qui elle préférait de Philippe ou d'Augustin.
   Tant d'amour consolait l'orphelin, mais donnait à son
caractère une teinte de mélancolie et de sensibilité exaltée.
Le récit du passé et surtout des scènes de la Révolution,
si vivantes dans la mémoire de Françoise, frappait pro-
fondément l'esprit de son jeune auditeur et le mûrissait
plus qu'il n'était utile. Chaque âge a ses plaisirs, ses dis-
tractions et ses peines ; il n'est pas bon que l'enfance soit
trop sérieuse ; qu'elle pense trop et réfléchisse outre me-
sure, et surtout il e 4 déplorable qu'elle voie trop tout en
noir autour d'elle.
   Cette émotion première fut un malheur pour l'orphelin.
 Le dimanche et le jeudi, jours que la grand'mère avait
 adoptés pour la promenade, Philippe refusait de sortir ; il
 préférait rester à la maison et passait ses pauvres soirées
 tout seul avec sa vieille Françoise que l'âge et les infirmi-
 tés clouaient le plus souvent sur son fauteuil.
    Si alors il se mettait à la fenêtre, le calme des rues, dé-
 sertes le dimanche, les magasins fermés, l'absence de vie
 et de mouvement jetaient l'effroi dans son jeune cœur. Il