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144            KOïlGR.StJ» PHILIPPE. THIERRIAT

 prouvait: comme des sentiments d'angoisses et de t i r e u r
 et c'était à travers les larmes qui mouillaient ses paupières
 qu'il suivait; d'un regard distrait, le tiercelet qui fendait les
 airs, ouïes hirondelles qui se poufsuivaient en criant dans
l'espace».
    Et ceci j ce n'est - point de la mise en scène ; ce ne sont
point des divagations'pour le plaisir de faire des phrases ;
 c'est le récit exact de ce qu'il me racontait lui-même à
 son lit de mort ; souvenirs ; du mourant se reportant vers
 son enfance ; entretiens dévie à trépas, dernières paroles
 de celui qu'on va perdre et qui deviennent «aérées.
    Confidences, de l'âme qui s'en va à celle qui reste, que
 vous m'êtes chers ! etq-ue votre souvenir m'est précieux !
    Autant Philippe était doux, sérieux et réfléchi, autant
JFleury était turbulent, fantasque et mutin. En lui la vie
 surabondait; il n'aimait que le bruit, le mouvement et le
tapage. Jamais contraste entre deux frères ne fut plus
 grand et plus complet.
    Un jour, la pauvre Françoise Tisseron mourut. C'était
l'ange du foyer ; sa perte fut un grand deuil pour la fa-
mille. Philippe surtout éprouva un véritable désespoir.
Ce fut bien pis quand il eût compris les conséquences que
cette mori entraînait. Tant qu'elle avait vécu, Augustin
Thierriat, tout à sa vie d'artiste et de professeur, ne s'était
guère aperçu de rembarras que deux petits garçons don-
nent dans un intérieur. Quand elle ne fut plus là pour
avoir soin des enfants et du ménage, le père prit une
grande résolution.
    Philippe avait onze ans et Fleury neuf. M. Thierriat
les fit entrer au Lycée de Lyon avec un quart de bourse et
peu de temps après, il se remaria.
    Quel changement dans la vie des deux pauvres enfants !
La régularité du collège remplaçait le laisser aller de la