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44 UNE FEMME MURÉE partout la fertilité et la grâce d'une culture riche et fé- conde. L'hiver, le paysage change d'aspect ; la prairie devient unlac; les montagnes de la Savoie qui formentle cadre du tableau, se couvrent de neige, et alors rien n'est beau, rien n'est sublime, comme de voir le coucher du soleil colorant, des plus belles nuances du rose et du carmin, les neiges d'une blancheur virginale et les glaces trans- parentes de la plaine. Tout l'horizon paraît bordé d'une vaste ceinturé de pourpre, et quand là lune, s'élevant au-dessus, vient verser sa lumière argentée sur cette vaste enceinte et sur les pîos découpés en festons du mont du Chat, l'air acquiert un ,degré de pureté qui sem- ble être le partage du ciel. Au milieu de ce silence si pro- fond, si majestueux, l'âme s'agrandit, s'élève, interro- ge son créateur, aspire à l'entendre et sent toute sa puissance. Au moment où commence notre récit, Philibert-Em- manuel, dit le Père des soldats et Tête de fer, venait de monter sur le trône de ses pères. Couronné des mains de la victoire à Saint-Quentin, habile négociateur à la paix de Cateau-Cambrésis, le duc de Savoie venait d'unir sa destinée à celle de la belle Marguerite de Valois, sœur d'Henri II, roi de France et appelée tour à tour la Marguerite du Parnasse ou la quatrième Grâce par les poètes français, et plus simplement la bonne Duchesse» dans ses "États de Piémont, de Savoie et de Bresse. Toute la noblesse avait guerroyé avec Philibert-Em- manuel qui, pauvre à là mort de son père, s'était mis k la solde'de Philippe II, roi d'Espagne. Gaspard dé Mornieux, alors possesseur de la belle seigneurie de Gramont, rentra aussi chez lui, heureux de vèir se1 reconstituer le beauduçfté de Savoie1, clont les