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8 COUVENT DES MINIMES ou de leurs actions en travaillant à .protéger leur mémoire contre l'oubli, ils viennent au secours de leurs biographes futurs. Nous les j ugeons par leurs œuvres, ce qu'ils ont fait nous apprend ce qu'ils furent. Dans l'histoire du couvent des Minimes, son église mé- rite de tenir une place particulière ; il y a plus qu'un inté- rêt archéologique a être instruit de ses origines et des travaux successifs dont elle fut'l'objet. Le temple est la partie sacrée et comme le cœur du monastère. Rien n'est profane sur ce coin de terre, séparé du monde et de la foule par de hautes murailles, qui lui servent de remparts contre l'invasion des pensées mondaines, mais on sent la vénéra- tion et la piétié devenir plus profondes sur le seuil du lieu consacré à la prière et aux cérémonies de la religion. La maison de Dieu est plus chère au moine que sa pro- pre cellule : n'est-ce pas là qu'il vient trouver la force pour supporter les dures austérités imposées par sa règle, là qu'il répand sa grâce par les sacrements et la vérité par la parole chétienne, là qu'un jour sous les dalles et au mi- lieu des ranges pressés de ses frères il se reposera dans la: paix du tombeau? Pour lui-même rien n'est trop pauvre, et pour l'autel tout lui semble insuffisant : afin de l'orner, il recherche et demande toutes les richesses auxquelles il a renoncé pour son propre compte. Les religieux de la Croix de Colle suivirent cette inspi- ration ; leur zèle ne fut satisfait qu'après qu'ils eurent vu s'élever près de leur cloître un vaste sanctuaire, dont la grandeur et lesrichesses témoigneraient de leur foi et de leur piété persévérante. Le temple qu'ils ont bâti est de- meuré debout malgré des changements que l'on ne par- donne qu'avec peine aux nécessités d'une destination nou- velle ; on peut encore juger de ce qu'il était au temps de ses splendeurs passées.