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ALGER 389 — Non. — Qu'es-tu ? — Quand je me portais bien, j'étais avocat. — Tu dis la vérité ? Tu n'es pas médecin, c'est bien ; puisque tu es fvocat, je vais peut-être encore avoir un procès pour l'exercice de la médecine, nous en parlerons, veux-tu ? • — Volontiers, quand tu voudras.-(Nous nous tutoyions avec entrain.) — Eh bien ! me dit-il. pour le moment qu'est-ce que tu souffres (sic) ? — Si tu es bon médecin, lui dis-je, je vais me livrer à toi et tu vas le trouver. — Bon. * ' « Je tenais surtout à connaître son diagnostic, aussi je me montrais peu prodigue de renseignements ; toute- fois, je dois le dire à l'honneur de Sidi-Abderrhaman, il ne broncha pas. — C'est vrai, lui dis-je, tu te trouves d'accord avec la plupart des médecins français que j'ai vus. — Tu n'es pas gravement malade, le climat d'Alger te guérira ; je te donnerai quelques remèdes. Tu iras de mieux en mieux, tu guériras. « Je sortis, emportant de Sidi-Abderrhaman cette idée que s'il n'avait fait aucune étude, comme on me l'avait dit, il avait néanmoins le coap d'œil, une grande perspicacité et un grand bonheur, celui de s'être fait facilement une clientèle nombreuse. « Cette année, ne voulant point omettre dans ce livre de parler d'un personnage aussi important qu'Ab- derrhaman, je suis retourné le voir. « Lors, voici ce qui m'advint. « A l'entrée du jardin, j'aperçus six enfants ou petits- enfants qui se balançaient en grappe sur les branches d'un figuier ; les deux fillettes surtout, d'une ressem- blance parfaite, sont belles à voir, avec leurs grands yeux noirs, doux comme ceux d'une gazelle. « Abderrhaman revenait de déjeuner. — Te voilà , me dit-il, en me reconnaissant à deux ans de distance ? — Tu me reconnais ? — Oui. — Tu n'es plus malade ?