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TOUSSAINT DECHAZELLE 367 arriver sain et sauf à Mâcon, non sans fatigue, ayant cheminé nuit et jour, à travers champs, pour éviter les surprises. Sa première préoccupation, en entrant dans la ville, fut de chercher un barbier. Comme il tenait le bassin et que son menton était barbouillé de savon mousseux, le barbier lui dit : — Vous savez la grande nouvelle? Robespierre est guillotiné, Paris est dans l'ivresse... Aces mots, le patient laisse tomber son plat à barbe, embrasse le maître Figaro et se hâte de reprendre le che- min de Parcieux. Il trouve là son domicile sans dessus dessous ; les agents de la République venaient à peine de le quitter, après s'être livrés à une visite domiciliaire. Mais l'heureuse nouvelle était parvenue sur les entrefai-. tes et le retour des farouches républicains n'était plus à craindre, M. Dechazelle était sauvé Cependant l'ordre se rétablissait petit à petit. Sollicité de reprendre les affaires, M. Dechazelle y consentit. Il avait à refaire sa fortune en partie ruinée. Il avait à re- faire surtout celle de sa sœur, mère de famille, entière- ment privée de ressources à la suite de pillages et de confiscations. II avait enfin à venir en aide à tant de familles d'ouvriers réduites à la misère, conséquence invariable des révolutions. M» Dechazelle n'était plus jeune, mais son imagina- tion avait conservé toute sa verdeur, et son activité toute son ardeur. 11 reconstitua donc une maison, et bientôt les commissions affluèrent. Il fit à Paris de nom- breux voyages. Admis dans le monde élégant et dans la société des artistes les plus en renom, le feu sacré des arts s'empara de lui à nouveau et il créa des merveilles dont notre génération actuelle se dispute encore les dé*-