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366               TOUSSAINT DECHAZELLE

duit, comme tant d'autres, à se soustraire au pillage et
à l'assassinat juridique, M, Dechazelle dut fermer sa
maison et donner congé à ses nombreux ouvriers. Il fit
alors l'acquisition, à Parcieu, d'un domaine qui avait
appartenu jadis à une illustration lyonnaise: Louise
Labé, dite La Belle Cordière. Il espérait, loin de la
ville,vivre oublié et tranquille, mais, rappelé à Lyon par
le devoir, au moment du siège, il s'occupa activement
des hôpitaux et de l'organisation des ambulances. Ses
services furent tels, dans ces circonstances périlleuses,
que la ville ne put mieux lui témoigner sa reconnais-
sance qu'en lui offrant une épée d'honneur, précieuse-
ment conservée dans sa famille.
   Après la prise de Lyon par l'armée i"évolutionnairey
fuyant les mitraillades de lugubre mémoire, il se réfugia
en Savoie, dans le domaine d'un de ses beaux-frères, où
il eut le bonheur de sauver la vie à deux ecclésiastiques
qui, pour se soustraire aux recherches des terroristes,
étaient cachés dans une chambre dont les volets
étaient fermés et qui, depuis huit jours, ne vivaient que
d'un reste de colle de farine, dont on s'était servi pour
boucher les fissures des châssis.
   Pendant ce tems, sa maison à la ville avait été chan-
gée en caserne et celle de la campagne mise sous le sé-
questre. Traqué de toute part, en butte aux recherches
des dénonciateurs, c'était un métier lucratif à cette épo-
que, il prit le parti de se rendre à Paris où il espérait
pouoir sve perdre dans la foule. Il partit donc, un beau
matin, travesti en ouvrier, n'emportant pourtout bagage
que quelques assignats, un crayon et un parasol rose.
À cette imprudente bizarrerie, nous reconnaissons l'ar-
tiste, d'autres eussent pu le reconnaître aussi alors, et
mal lui en eût pris. Cependant, il fut assez heureux pour