page suivante »
POÉSIE Par elle, sur tes pas compulsant la nature, Nous retrouvons ton œuvre en toute sa parure ; Parfois, même un débris nous rapproche de toi. Car, en rajeunissant sa fossile structure, C'est presque le créer que retrouver la loi Par laquelle un savant, ému, le transfigure. Nés à peine d'hier, comment scruter l'espace ? Le soleil dans les cieux ne laisse point de trace Qui puisse nous montrer comment il a flotté. Mais sur le roc inscrits, de quels fleuves de glace Le froid, qu'il rencontra dans cette immensité, N'a-t-il pas pour toujours buriné la menace ! Où donc est le désert qui glaça notre monde, Pour que, lancé brûlant, par la céleste fronde, Il ait pu cependant être enfin couvert d'eau ? Est-ce là qu'en suivant sa course vagabonde, Dans son cycle éternel repassant de nouveau, Il va voir des glaciers s'ouvrir la mer profonde ? Le froid gagne déjà , la neige s'amoncèle ; Le névé, tout grenu, en massifs se congèle ; Tout se dilate et craque et, dans ce vaste effort, Les rochers soulevés du fond qui se nivèle, Vont se joindre en fragments à ceux que, sur le bord, Dans sa marche, le flot arrache et démantèle. On les voit côte à côte, en immenses rangées, Sous leur manteau verdà tre unir monts et vallées, De plus en plus dressant leurs gigantesques tours ; Et par ce froid linceul les vapeurs attirées, S'élancent de la terre et s'entassent toujours, Déjà neige en naissant et sur le champ glacées !