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                       POÉSIE                          243
Puis quand vers le désert tout scintille et rayonne,
Le froid, par là plus -vif, du mur qui l'emprisonne,
Le poussant par le haut, fait sortir le glacier ;
Et sous le double effet du froid qui Féperonne
Et du poids de la glace, arrachant le gravier,
Comme sous un râteau son sentier se sillonne.

Tout est broyé, strié, s'arrondit et s'aiguise :
Des amas de limon surmontent la banquise,
Dont ils marquent les bords par leurs éboulements !
Dans ce travail géant le lehm se porphyrise
Et, de terrains nouveaux formant les éléments,
Par cent canaux divers s'affine et se tamise.


Et le glacier poussé, dilaté sans relâche,
Toujours marche, grandit, en poursuivant sa tâche,
Tassant, comme un rouleau, le chemin qu'il parcourt :
Et le gaz comprimé sous les rochers qu'il mâche,
En huile converti, dans quelque faille accourt
Où de bitume il teint la roche au grain plus lâche.


Sa route ainsi partout à nos yeux se décèle,
Imprimée ou gravée en sa trace fidèle,
Pour jamais à l'abri des injures du temps.
Mais bientôt vont surgir, dans une ère nouvelle,
Sur nos champs, sur nos monts; bien d'autres monuments
Témoins, encor vivants, de leur source éternelle.


Voyez-vous se dresser, à l'angle de la lande,
Ce bloc énorme, autel où brilla mainte offrande,
Et qu'on voit aujourd'hui surmonté d'une croix ?
À l'aspect du géant quand, surpris, l'on demande
Qui donc put sur le sable amener pareil poids ?
C'est l'écho d'un glacier qui nous dit sa légende.