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                  LA   BATAILLE DE NlSziB               187

tenait sous sa domination l'Arabie, l'Al-Djezireh ou
Mésopotamie et cette Syrie,objet jusque là de tant d'in-
quiétude; elle prenait rang parmi les grands royaumes
et nul ne serait assez hardi pour insulter désormais
une puissance dont la flotte et l'armée avaient le pouvoir
de la faire respecter.
   La perte des Turcs fut de quatre mille hommes mis
hors de combat. Celle des Egyptiens était un peu moins
considérable; cependant les hauteurs de la colline
avaient été si vivement disputées, les deux peuples
s'étaient mêlés avec tant d'acharnement, que la balance
était presque égale.
   « La retraite nous coûta les cinq sixièmes du corps
tout entier, dit le baron de Moltke, dans ses Lettres sur
l'Orient, p. 304, et en outre tout le matériel de l'artil-
lerie. La brigade de Mahmoud-Pacha est composée au-
jourd'hui de 75 hommes; celle de Békir-Pacha, qui comp-
tait 5,800 hommes, en réunit 351. La cavalerie seule,
composée de spahis, est en grande partie intacte. »
   Mais pouvait-on compter les morts quand la joie eni-
vrait les cœurs? Il n'y avait plus de tièdes, plus d'in-
soumis; il n'y avait que des enthousiasmes qui écla-
taient de partout. Ibrahim avait écrit au gouverneur
 d'Alep :
    « Je vous annonce que j'ai attaqué Nézib ; en moins
de deux heures, j'ai pris l'artillerie, les munitions de
 guerre et de bouche. L'armée est toute soumise. Quant
 à moi, je ne m'arrêterai qu'à Konieh. Pour vous, réjouis-
 sez-vous pendant sept jours et envoyez cette heureuse
nouvelle sur tous les points. »
   Les Alépins laissèrent aussitôt éclater leur allégresse,
 fort contenue jusque-lk ; les cris retentirent, des feux
 furent allumés, la poudre parla, et l'unique canon laissé