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188 LA BATAILLE DE NÈZIB par Soliman dans la citadelle, fut tellement chargé par ses joyeux servants qu'il creva au bout de quelques sal-- ves retentissantes, mais heureusement sans blesser les assistants. A Nézib, les fêtes du triomphe furent courtes, mais brillantes. Ibrahim, avant de courir au Tr.urus pour as- surer les fruits de sa victoire, fut généreux et prodigue autant qu'il était satisfait; il réjouit l'armée par une immense diffa. Il combla ses officiers. Déjà , la veille de la bataille, il avait élevé au rang de général de di- vision et de Pacha Osman-Bey, général de brigade, homme de tête et d'action. Quand la victoire eut ajouté tant d'éclat à son nom, il voulut partager son bonheur avec ceux qui avaient contribué à sa gloire ; il distri- bua des récompenses de toutes sortes aux généraux et aux soldats et tous les beaux faits d'armes mis à l'ordre du jour furent hautement glorifiés. Hafiz, dont les historiens nous ont laissé un portrait avantageux et flatteur, était, disent MM. De Cadalvene et Barrault, (1) que nous aimons à citer, de taille moyen- ne et svelte de corps. « L'ardeur contenue de son âme s'annonçait par une complexion sèche et par le carac- tère de sa figure amaigrie, longue et brune. Les yeux étaient noirs, pleins de feu et de douceur; le nez aqui- lin, la barbe courte, noire et déjà atteinte des blancs sillons de ses quarante cinq années. La physionomie, le maintien, le geste, avaient ce calme extérieur dont l'Orient investit ses personnages comme du signe même du pouvoir ; mais dans ses traits ressortaient la dignité native, l'expression d'une intelligence droite, fine, exer- (1) Deux wnées de l'Hi$toir*d'Qrient. Paris, 1840, in-8.1.I p. 134.