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184 LA BATAILLE DE NÉZIB serva les munitions, les provisions et les effets de cam- pement. Le camp ottoman était dans la même disposition, aussi intact que si on l'eût quitté pour la parade. Les vêtements, les tapis, les armes, les objets précieux, jus- qu'aux humbles ustensiles militaires et aux pipes étaient à leur place. Ils furent laissés aux vainqueurs. Les tentes furent attribuées au gouvernement et les Egyptiens,,ac- coutumés à coucher sur la dure, les occupèrent; jamais ils n'avaient été si somptueusement logés. Vaste comme un palais, ornée comme le salon d'un em- pereur, la tente d'Hafiz s'élevait majestueuse, au centre du camp. Elle était surmontée du drapeau impérial et des insignes du commandement. Sa toile,d'un tissu serré, d'un vert clair, était décorée d'ornements rouges dé- coupés et brodés. Doué personnellement d'une immense fortune et riche des emplois qu'il occupait, Hafiz l'avait ornée avec tout le soin, l'élégance et le goût de la civili- sation orientale. Au centre, était le divan, sorte de ro- tonde formée par un tissu circulaire qui laissait entre lui et la paroi extérieure un corridor richement orné pour les besoins du service et dans lequel des outres pleines d'eau suspendues, maintenaient en tout temps une douce fraîcheur. Derrière le grand salon, une tente plus petite servait d'habitation aux femmes et à la domesti- cité. Un autre compartiment spécial était consacré aux usages domestiques et aux dégagements. Dans la grande pièce d'entrée, ornée de panoplies et de drapeaux, des sièges élégants, des tapis précieux invi- taient au repos. Des châles des Indes, des cachemires de Perse, des armes de luxe, des ornements, des bijoux étaient disséminés çà et là ; mais rien n'était gardé, les sentinelles s'étaient enfuies comme la domesticité ; tout était à la disposition des passants.Sur un guéridon, Hafiz avait oublié sa correspondance et ses décorations.