page suivante »
LA BATAILLE DE NÉZIB 183 Ibrahim se présente, l'œil ardent, les habits couverts de poussière. Il entra et s'arrête étonné d'une demeure si éloignée de la simplicité militaire et si différente de l'abri qui le reçoit dans ses campagnes. Il se retourne, donne des ordres à ses officiers et attend ses compagnons. Il les a entendus ; ils arrivent. Ibrahim fait an pas au devant d'eux. A l'heure dite, à cette heure indiquée par Soliman pour prendre le café dans la tente d'Hafiz, les généraux égyptiens se présentent, émus, les vêtements en désor- dre, mais le visage triomphant. Ce sont les héros du jour, les yainqueurs, ceitxdont l'histoire a enregistré les noms : le ministre de la guerre, Achmet-Menikli, dont les char- ges hardies, à la tête de la cavalerie de la garde, ont fait l'admiration de tous; Selym-Pacha, général d'infanterie de la garde, Achmet-Pacha, autre général; Achmet-Bey, général d'artillerie dont le tir a été si précis ; Amry-Bey, Oualy-Bey, Moustapha-Bey, généraux d'infanterie; Aly- Bey; Khalil-Bey, généraux de cavalerie; et, à quatre pas en avant, Soliman radieux. Ibrahim court à lui. — Messieurs, dit-il aux généraux, je vous reçois dans la tente de Soliman. Tout ce qui est ici est à lui ; il l'a bien mérité. Puis se jetant au cou de son ami étonné, il le serre sur son cœur, le presse contre sa poitrine, l'embrasse au front et sur la bouche, en disant avec émotion et les lar- mes aux yeux : — Aujourd'hui, j'embrasse un soldat. Les généraux applaudissent et félicitent les deux vaillants chefs. — Mais, dit le prince en se ravisant et en regardant