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                    LA BATAILLE DE NÉZ1B                121

    Et, confiants dans la parole du chef dont ils admiraient
la bravoure et dont ils avaient vu le génie militaire à
Homs, à Beylam, à Konieh, les soldats marchaient jo-
yeux, impatients de se mesurer avec ces Turcs si graves,
si ponctuels, et si méticuleux qui les laissaient tranquil-
lement se promener ainsi et se promettant bien de se
jeter sur eux à la baïonnette, s'ils pouvaient une fois les
aborder.
    L'habile et pénétrant de Moltke eut bientôt lu dans le
jeu de Soliman et, aussitôt, il proposa au séraskier de se
retirer à marches précipitées sur Bir, où le camp retran-
 ché appuyé sur l'Euphrate ne pouvait être tourné. Cet
 avis fut rejeté avec hauteur.
    — Que dira de moi l'histoire? répondit le malheureux
 Hafiz. Jamais les Ottomans n'ont fui.
   — Une retraite n'est pas une fuite, répliquaient les
officiers prussiens; à Bir, vous déjouez les projets des
Egyptiens et vous attendez le moment de reprendre l'a-
vantage.
   — Notre espoir est en Dieu, reprenait Hafiz. Il est le
maître des armées et l'arbitre des combats.
    Tel était' aussi l'avis des ulémas qui l'entouraient et
qui lui faisaient un péché d'abandonner un camp si péni-
blement fortifié pour choisir une position moins capable
 de résister, à l'ennemi.
    — Du moins, attaquez cette armée en marche, disaient
 avec énergie les officiers prussiens. En ce moment elle
 est à nous.
    — Plus tard, répondait Hafiz.
    — Eh bien ! acceptez notre démission, finirentpar ex-
 clamer ensemble les officiers prussiens que cet aveugle-
 ment exaspérait. Acceptez notre démission ; vous n'avez
 plus besoin de nous, nous nous retirons.