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96               LE TËNEMENT DE THUNES

religieux. Le gouverneur de Lyon, le marquis d'Halin-
court, contribua aussi à la fondation du couvent ; il y
employa son crédit et lui constitua de plus un revenu
de 1,000 livres.
   Pendant la tourmente révolutionnaire de 1792, les
Carmes furent violemment expulsés de leur commu-
nauté, qui fut aliénée comme bien national. Les bâti-
ments servirent à différents usages jusqu'au moment où
la ville les loua et les disposa pour caserner les troupes
de passage En 1848, ils furent occupés par une bande
de Voraces, qui s'y trouvaient si bien, qu'on eut de la
peine à les en faire déguerpir. L'ordre des Carmes les
racheta, et les religieux s'établirent de nouveau dans
leur ancienne propriété, après l'avoir entièrement res-
taurée.
   A la suite du quatre septembre 1870, et en vertu
d'un arrêté de l'autorité révolutionnaire, les religieux
durent, encore une fois, abandonner leur demeure et
se disperser devant une troupe de Garibaldiens, qui y
commirent d'ignobles déprédations. L'église surtout
fut littéralement saccagée, ses confessionnaux souillés,
ses bénitiers remplis d'ordures. — Notre devoir d'his-
torien nous impose l'obligation de dévoiler toutes ces
turpitudes.
   Aujourd'hui, les Carmes sont rentrés en possession de
 leur maison : mais la ville dut leur payer une forte in-
 demnité, en raison des dégâts commis par les envahis-
 seurs.
   Depuis lors, une commission de savants émit le vœu
 de voir acheter cet immeuble par la commune, pour l'af-
fecter au dépôt central des archives publiques. Ce vœu
 resta lettre-morte ; l'administration avait sans doute
 d'autres projets relatifs à ce dépôt.