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i'd t'ESTÉREL des routes royales, le panis pour le moment avait pour nous plus d'attrait que le pinus dont nos yeux commen- çaient à être rassassiés. Aussi quels coups de dent ! Nos provisions, arrosées de l'eau glacée du torrent, furent dévorées et absorbées en un clin d'oeil. Une fois lestés, notre admiration granditplus à son aise, et nos forces, retrempées par un excellent dé- jeuner, furent de suite tout à fait revenues. Bien des sur- prises nous étaient encore réservées, et une course hor- riblement longue devait couronner la fin de notre excur- sion. - Nous levons le camp et laissons sur place les débris de notre festin. Qui en profitera? Je ne vois que messieurs les sangliers auxquels tout est bon, et, peut-être aussi, notre petit ami l'écureuil, qui fera parfaitement son affaire des fruits que nous lui avons laissés pour son dessert. A quelque distance de notre salle à manger, nous nous trouvons en face d'une fondrière au fond de laq uelle se met en fureur le torrent, tourmenté qu'il est par les blocs de porphyre détachés des hauteurs qui nous envi- ronnent. Tout sentier devient impossible, et les gardes- forestiers n'ont rien trouvé de mieux à faire, pour sortir de cette impasse, que de jeter un pin en travers de l'a- bîme ; si au moins ils y avaient mis une main courante ! Sans être acrobate on eût pu y passer; mais, sans ba- lancier, se risquer sur cet arbre n'était pas chose pru- dente ; néanmoins, nous nous risquons, et, une fois arri- vés de l'autre côté, nous allions nous applaudir d'avoir franchi le plus difficile obstacle que nous eussions ren - contré ; mais, hélas, notre première escalade ne devait être qu'un exercice préparatoire ; car quatre autres pas- sages successifs se présentaient devant nous, et le der- nier, que nous apercevions très-loin, était le sublime du