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                     LA BATAILLE DE NÉZIB                           37
 rages furent foulés par les armées, les jardins ensanglan-
 tés par les combats; Grecs et Romains, Arabes et Syriens
 s'y égorgèrent et l'armée des Parthes, arrêtée devant les
murs de Nisibis qu'elle ne pouvait emporter, ravagea la
contrée et mit le pays dans la désolation.
    Puis la paix revint, la citadelle inutile s'écroula, les
roses blanches refleurirent, les gras pâturages reprirent
leur tranquillité et les Juifs, chassés de Jérusalem par
Titus, dispersés dans tout l'univers, mais vivaces, accou-
rurent créer, dans ce doux pays, des écoles célèbres, mères
et précurseurs de celles d'Arabie et d'Espagne (1). Cepen-
dant, comme tout passe, les écoles, après quelques siècles,
se fermèrent, le goût des lettres s'effaça, la barbarie et
l'indifférence reprirent le dessus et le nom de Nisibis fut
complètement oublié jusqu'au moment où il reconquit un
si magique éclat, grâce au génie de Soliman. Aujourd'hui,
c'est Nézib.
    C'était vers Nézib que convergeaient toutes les forces
des Ottomans. Les dernières troupes avaient quitté les
doux ombrages de Malatia, ses magnifiquesjardins et les
bords fertiles de l'Euphrate. Elles retrouvèrent le beau
fleuve à Samosate ; là, elles se concentrèrent, se massè-
rent et, appelant les forces d'Orfa et des autres villes,
toutes ensemble, elles marchèrent sur Bir, d'où, traver-
sant le fleuve, elles s'établirent et se fortifièrent sur les
hauteurs de Nézib.
   Là elles avaient une position à souhait.


  (1) Dès le commencement du Bas-empire, et peu d'années après la.
dispersion du peuple juif, les rabbins créèrent à Lydda, Bekiin et
Nisibis des écoles qui devinrent fameuses dans tout l'Orient. On y
enseignait l'unité, et l'immatérialité de Dieu, l'immortalité de l'âme
et le libre arbitre, Voir Schleiden, les Juifs et la Science au moyen
âge, Paris, Baer, 1877, in-12.