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38 LA BATAILLE DE NÉZIB En avant de la petite cité, s'étendait, courant du nord au sud, une colline escarpée dont la base, au couchant, était baignée, dans tout son parcours, par une rivière, le Karsim. Un autre cours d'eau, le Mezzar venu du nord-ouest, passait devant le village de ce nom, à dix kilomètres an couchant de Nézib, baignait le pied de la montagne de Béiazan et, roulant dès lors en droite ligne, du couchant au levant, allait rejoindre le Karsim à l'extrémité de la colline de Nézib. A deux kilomètres de là , les deux rivières réunies pas- saient sous le beau pont d'Horgoun, d'où, continuant leur course à l'est, elles allaient rejoindre l'Euphrate, dans les flots duquel elles se précipitaient. A mesure que les troupes traversaient péniblement l'Euphrate grossi par la fonte des neiges, elles s'avan- çaient au couchant ; mais les grossiers bateaux plats qui servaient au transport, de douze réduits à cinq, par les divers accidents de la navigation, ne faisaient qu'un service lent et pénible. Si, en ce moment, Ibrahim eût marché résolument sur Nézib, eût anéanti le camp, et, courant à l'Euphrate, eût culbuté les troupes qui avaient passé, c'en était fait de l'armée du Sultan et la guerre eût été finie. Mais c'eût été une agression et les ordres formels du vice-roi étaient de se tenir sur la défensive. Les consuls allaient continuellement du Caire à Schoubra, porteurs d'ordres et d'intimidations. Il semblait que toute l'Europe dût prendre les armes et ne porter sur le Nil, si le vice roi ne se laissait pas bénévolement égor- ger. Pour échapper à ce supplice consulaire, Méhémet- Ali quitta le Caire et descendit faire une promenade dans le Delta, mais, afin de calmer l'effervescence des consuls