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                        THIERR1AT                       475

malheureux ; à tel autre il reprochait en pleine classe
sa nonchalance, qu'il attribuait à l'insomnie et à des
causes inavouables ; à tel père, il conseillait de mettre
son fils chez un savetier et de remplacer dans ses mains
le pinceau par un tire-pied ; à MM. Revoil et Artaud,
ses supérieurs hiérarchiques, il poussait la porte sur
le nez, quand ils accompagnaient un grand personnage
dans son cabinet. Lors d'une visite que fit le préfet, du
Rhône à l'Ecole des beaux-arts, la femme de ce haut
fonctionnaire ayant déplacé, pour en flairer le parfum,
une rose qui servait de modèle à Berjon, celui-ci furieux
se serait permis d'apostropher cette dame en des termes
qu'on n'entend résonner qu'à la halle. Bref, la mesure
était comble, il fut mis à la retraite, malgré son grand
talent, et Thierriat, sans aucune sollicitation, fut nommé
son successeur à la demande de M. Revoil.
   Un fait qui peint l'esprit d'économie de l'administra-
tion municipale à cette époque, c'est que la pension de
douze cents francs accordée à Berjon fat mise à la charge
de Thierriat. Les reçus de Berjon que j'ai entre les mains
en font foi. Mais au bout de quelques années, les pro-
grès remarquables de la classe de fleurs, progrès attes-
tés par les procès-verbaux du jury aux distributions
de prix de l'Ecole, décidèrent enfin l'administration à
exonérer Thierriat de cette charge,
   La lithog'raphie venait d'être découverte. Elle permet-
tait de vulgariser l'art en reproduisant le paysage, la
fleur, l'ornement, le portrait plus directement, plus
rapidement et à moins de frais que la gravure. Dès
1825, Thierriat, publia quarante planches de fleurs, fruits
et ornements à l'usage des dessinateurs. Ce recueil très
consciencieusement fait, comme tout ce qui sortait des
mains de Thierriat, a longtemps fourni des modèles