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284                  MAURES ET SARRASINS

attribués à César, qu'ils soient de l'époque romaine ou de
l'époque féodale, et dont les ruines jonchent le sol çà et
là. On sait fort bien que les Sarrasins n'ont rien construit
dans nos pays. Or, la désignation d'ouvrage sarrasin se-
rait ou une erreur ou une réminiscence de césarien, d'au-
tant plus que l'on nomme les murs de César, murs césa-
riens ou murailles césariennes, adjectif bien rapproché
de céraciens, cérasiens et sarrassiens.
    Ce nom de sarrasin rappelle-t-il quelque souvenir de
l'invasion arabe, ou plutôt n'indique-t-il point l'existence
de substructions gallo-romaines? Telle est la question pro-
posée entre savants foréziens.
   M. Théodore Laurent, auteur d'un essai historique sur
Miribel, et, après lui, M. le curé de Rillieux, s'inspirant
l'un et l'autre de l'opinion émise par le Père Menestrier,
prétendent que les voies souterraine::, de la Pape portent
le nom de sarrasinières, par altération de césarinières,
arcus Cœsarini, voûtes césariennes. Ce nom, semblant
prouver que César est l'auteur de cet important travail,
rejetterait bien loin l'intervention des Sarrasins.
   Mais cette altération, d'où viendrait-elle, comment se
serait-elle produite? C'est ce que nous allons essayer d'ex-
pliquer d'une manière sinon certaine, du moins probable.
    Tant que le langage gallo-romain fut en usage dans
nos contrées, on prononça Arcus Cœsarini. Arcus disparut
comme superflu, et CÅ“sarini, d'adjectif devint substantif.
Plus tard, lors de la formation de la langue française, au
Xe siècle, Cœsarini se transforma en Césarin ; puis, à la
suite des Croisades, par les récits des pèlerins revenant de
la Palestine, par les prédications des moines qui excitaient
le zèle et la ferveur religieuse contre les profanateurs du
tombeau du Christ, par les écrits de nos chroniqueurs, les
chansons de gestes et b s romans de chevalerie ; puis e n -