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MAURES ET SARRASINS 283 grâce h la persistance des préjugés et des habitudes. Il serait possible, dirons-nous avec M. Paul Saint-Olive, que le christianisme vainqueur fût responsable de la des- truction des monuments de l'antiquité païenne, et que les ruines de l'amphithéâtre romain de Saint-Irénée eût été le résultat de cette victoire, par conséquent à une époque bien antérieure à l'invasion des Sarrasins. Effectivement, l'histoire nous apprend que, dès le règne de Constantin, une multitude de ruines furent accumulées. Quant à la dénomination de Sarrasins que l'on retrouve dans nos tra- ditions, le Père Menestrier pensait qu'elle pouvait être une corruption du mot latin Cœsarini, dont la ressemblance phonétique avec Saraceni ou Cerraceni avait occasionné une confusion, et que l'on faisait ainsi trop souvent inter- venir les Sarrasins. M. Saint-Olive ajoute que les plus importants travaux exécutés par les Romains portaient le nom de césariens. Il en donne des preuves. De nos jours, ne nomme-t-on pas nos grandes routes : royales, impériales ou natio- nales? Ajoutons, de notre côté, que jadis on nommait une partie de l'Afrique romaine Mauritanie Césarienne, et que le nom à 'Ara Cœsarum est inscrit sur une pierre épigra- phique trouvée non loin du temple d'Auguste, à Lyon. Ce temple ou autel, fut, dès le principe, dédié Romœ et Augusto ; plus tard, il prit le titre d'Ara Cœsaris. Cette pierre semble avoir appartenu à l'autel de César. On la voit dans notre Musée lapidaire. (Consulter à ce sujet les ouvrages de Gruter, de Pierre de Marca, d'Adamoli et d'autres archéo- logues lyonnais.) Dans nos provinces voisines, dans le Forez particuliè- rement, on nomme ouvrage sarrasin tous les anciens mo- numents, ainsi que ces innombrables camps retranchés,