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282 MAURES ET SARRASINS l'ancien Lugdunum ; les thues Sarrasines, aux canaux de l'aquedùc qui partait de Poleymieux et de Limonest, et se dirigeait aussi sur Lyon, après son embranchement à la ligne précédente ; le champ du Sarrasin, à certaine partie du territoire de Mornant traversée par l'aqueduc du Pilât ; le trou du Sarrasin, à l'une des ouvertures du canal de cet aqueduc ; le pré, le bois et les ruines des Sarrasins, aux débris de ce monument, à la prairie sur laquelle elles gisent et au taillis qui en est voisin !... Les Barbares qui envahirent les provinces gallo-romai- nes aux ve, vie et vne siècles, invasions aussitôt suivies de celles des Sarrasins et des Francs au vni e , et de celles des Hongres au ixe et au xe, furent incontestablement les auteurs de tant de ruines amoncelées ; et si on les attribue exclusivement aux Sarrasins, c'est que leur nom, confondu avec celui des autres Barbares, est resté plus populaire et chargé de toutes ces iniquités. Quoi qu'il en soit, nombreuses sont les opinions sur les causes qui valurent cette appellation de Sarrasin à ces ruines : selon certains écrivains, ces ruines proviennent de monuments romains détruits par les Sarrasins ; d'autres, au contraire, veulent que les Sarrasins aient été les cons- tructeurs de ces mêmes monuments tombés plus tard victimes du temps, des invasions des Francs ou des Hongres et des guerres de la féodalité ; d'autres encore avancent que dans la vallée de la Brevenne et le long des balmes du Rhône, les habitants se réfugièrent avec leurs meubles et leurs bestiaux sous les voûtes souterraines des aque- ducs pour se soustraire aux persécutions des Sarrasins. On s'aperçoit que les causes de ces dénominations sont multiples et tout à fait opposées entre elles ; mais le sou- venir des Sarrasins reste attaché à chacune d'elles ; et quoi qu'on fasse, ce souvenir vivra longtemps encore,