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230             LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON

   2° M. François Morel d'Epeisses qui avait pris le nom
du fief d'Epeisses, à Cogny. qu'il avait acheté en 1758,
conseiller à la Cour des Monnaies, mort le 20 mai 1778.
   3° M.Claude-Louis Morel de Roubion, conseiller à la
Cour royale de Lyon, depuis 1811 jusqu'en 1830, année
de sa mort.
   Ces trois magistrats distingués se sont plu tour à tour
à augmenter, leur vie durant, leurs collections. Du reste,
cette tâche leur avait été facile. Ils vivaient au bon temps.
Ils pouvaient trouver sous leur main et sans aller aux
grands marchés de Paris et de Londres, comme on est
réduit à le faire aujourd'hui, avec un gros sac d'or sous le
bras, tout ce qu'un bibliophile pouvait rêver d'utile et de
beau. Nos anciennes et illustres imprimeries avaient
rempli la ville d'éditions des plus belles et des plus recher-
chées. A la mort du père de famille, la loi ne pulvérisait
pas encore sa fortune et les fils n'étaient pas obligés de
battre monnaie avec ce que leur auteur leur laissait.
Certaines valeurs mobilières ne se partageaient même que
rarement; l'argenterie, les bijoux, les tableaux, restaient
intacts, comme les livres des bibliothèques sur leurs rayons.
   Les Morel avaient aussi un précieux avantage sur bien
d'autres amateurs de livres ; ils jouissaient d'une grande
aisance et savaient consacrer judicieusement, chaque
année, une partie de leur revenu à des acquisitions.
   M. François Morel avait vu même la fortune lui sourire
exceptionnellement. Avant d'entrer dans sa charge de
conseiller à la Cour des Monnaies, il avait été banquier à
Paris. C'était au temps deLaw et de la rue Quincampoix.
La frénésie des jeux de bourse était à son comble. Etait
millionnaire le soir celui qui le matin n'avait que quelques
modestes mille livres de revenus, souvent mal payés par
un fermier de mauvaise foi.