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IES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 251 M. François Morel, sans céder à la passion des joueurs, spécula prudemment et avec succès. Sa maison était sur un grand pied, — il protégeait aussi les arts, comme le savaient faire tous les financiers de son temps. Il acheta de Watteau des tableaux que grava ensuite le graveur Fessard, qui lui fit hommage de son œuvre en écrivant sa dédicace sur le cuivre, comme on le voit aujourd'hui par les estampes que conserve M. Morel de Voleine à côté de chacun des tableaux originaux de Watteau. M. François Morel laissa sa bibliothèque à son fils aîné, M. Claude-Louis Morel de^ Roubion, conseiller à la Cour royale de Lyon. A son décès, en 1830, elle passa à sa sœur, veuve de M. de Jussieu de Bressoles, et cette dame en fit don ensuite à M. Morel de Voleine. Cette belle et riche collection ne pouvait tomber entre de meilleures mains. M. de Voleine n'est pas un de ces fils de famille qui savent conserver seulement l'héritage de leurs pères, pour le garder religieusement, sans y toucher, dans des armoires bien closes, jusqu'au jour où il ont à le remettre à leurs héritiers. Non, —M. de Voleine est un érudit qui a le goût des livres, comme ses aïeux et qui sait en faire un noble usage ; il les lit, il les médite, et il en a tiré une connaissance des hommes, des choses des derniers siècles qui m'a toujours étonné. Nos anciennes familles lyonnaises n'ont pas pu garder de secrets pour lui : il sait leurs origines, leurs grandeurs, leurs vicissi- tudes, toutes les charges qu'elles ont remplies. Il n'ignore aucune de leurs alliances, soit qu'elles se soient élevées, soit qu'elles aient dérogé. Il semble même qu'il est leur contemporain, — qu'il a vécu au milieu d'elles, — il sait môme leurs travers, leurs ridicules, il a une anecdote à raconter sur chacune d'elles, et il les raconte si bien ! a l'entendre on croirait lire ces mémoires du grand siècle