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220 VICTOR DE LAPRADE par une conviction, comme l'Hymne à l'Epêe et la Liberté, les autres par les événements contemporains, tels que : Au roi Guillaume et à la Terre de France. Ces quatre mor- ceaux sont d'ailleurs les plus remarquables du recueil. L'Hymne à ÃÉpée semblerait dès l'abord être en contra- diction avec une jdes pièces du premier livre intitulé : La Guerre. Dans cette dernière, en effet, le poète s'élève con- tre ce vautour avide de carnage et de sang. « Quand deux rois s'en vont sans remords Jouer au jeu cruel d'extorquer des provinces, Au prix d'un million de morts ; Quand pour se blasonner du nom d'une victoire, Les pâles chefs des légions D'égorger avec art briguant l'atroce gloire, S'élancent sur les nations ; Muses, de ces forfaits ne soyez pas complices ! Les martyrs, voilà vos héros ! Armez-vous de l'iambe et vouez aux supplices La mémoire des bourreaux. » L'Hymne à l'Epêe est un chant de gloire. « Fils des Francs, aimons notre épéc ! Son acier nous va mieux que l'or, Et Dieu qui l'a si bien trempée Veut par nous s'en servir encor. » Mais cette contradiction n'est qu'apparente. L'auteur ne maudit que ces combats engagés par les maîtres du monde pour se l'asservir, et sa voix retentissante salue le citoyen qui tire le glaive pour protéger les lois, pour garder les droits de la cité ou pour défendre la terre des ancêtres contre les envahisseurs. « Alors n'éveillez pas la pitié qui s'est tue, Muses, mais volez aux remparts; Quand la patrie en deuil a crié : — Meurs ou tue ! Chantez la hache et le poignard ! »