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164                               POÉSIE


                                 THÉRÈSE.

                     Parle, enfant, je connais la pitié :
      Un remède à l'amour, crois-moi, c'est l'amitié.

                                RAVELINA.

      Pour apprêter sans doute à rire à mes compagnes,
      J'aime, et j'en meurs de honte, un enfant des montagnes.
      Tu connais ces bergers que dans nos doux climats
      Ramène, tous les ans, l'approche des frimas :
      Pauvres gens qu'on évite, et que chacun oublie
      Dès qu'ils ont repassé leurs Alpes d'Italie !

                                THÉRÈSE.
      UnBrigasque?
                               RAVEL1NA.

                       Ah ! Thérèse, un berger de quinze ans.
      Je l'aime, hélas! Jamais par des soins complaisants,
      Ni même par un mot, je n'ai (Dieu m'en préserve!)
      Près de lui de mon sexe oublié la réserve :
      Il n'a point su de moi ce qu'il doit ignorer.
                                THÉRÈSE.

   Saint Michel t'aidera, si tu veux l'implorer *.

                               RAVEL1NA.

   Pour mieux cacher â tous le coup qui m'a blessée,
   Si d'aller vivre ailleurs je conçois la pensée,
   Aussitôt la Briga se présente à mon cœur.
   Ah ! quand des hauts plateaux craignant moins la rigueur,
   Tes brebis, cher enfant, quitteront nos rivages,
   N'auras-tu point regret aux oranges sauvages
   Que nos mains leur versaient et dont les sucs amers
   Les faisaient devant toi bondir au bord des mers ?
   Te ressouviendra-t-il de la vallée étroite
   Où le lit du torrent a tant d'ombre à sa droite, •



* Saint Michel Archange, patron de Menton:,