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                CHRONIQUE LOCALE
    A Bellecour, toutes les fenêtres sont fermées; c'est un signe du
 temps. Nos châtelains chassent, nos châtelaines se promènent sous
leurs vieux ombrages et s'intéressent à ces mille détails des champs
 qui ont tant de charmes. Quelques personnes sont aux eaux, car il
 faut bien rétablir sa santé et d'ailleurs, les établissements balnéaires
sont si nombreux qu'on doit nécessairement se gêner un peu pour
 les faire prospérer. Que deviendraient ces pauvres hôtels à réclame,
 ces cercles à- musique, ces casinos à roulette, si on ne les encourageait
 pas de sa présence. On ne peut pas leur donner la vogue d'Aix ou la
 vue enchanteresse d'Evian, mais on peut les faire vivoter et on s'y
 prête.
    Voici Marseille qui s'offre à remplacer toutes les sources connues.
 Son programme est séduisant et ce n'est pas la mer à boire.
   Les autres Lyonnais absents sont en vendanges ; les coteaux du
Beaujolais sont resplendissants de cotillons rouges et bleus auxquels
se mêlent à distance les habits noirs et les robes claires des invités
de la ville. Le spectacle est ravissant. On rentre un peu crotté, mais
 les raisins cueillis sur le cep avaient un goût délicieux, et en
 essuyant ses bottes vernies sur le paillasson de la terrasse on déclare
qu'on s'est royalement amusé.                                          »
   Nous pourrions effacer royalement pour ne pas humilier l'Espagne,
nous le laissons.
    Puisqu'il n'y a personne à Lyon, il ne faut pas être étonné si la
littérature est un peu morte. Nos poètes sont en congé et nos prosateurs
 en vacances. Les imprimeries chôment et les libraires voudraient
bien s'en aller. Voici cependant un peu de menu fretin pour nous
faire prendre patience en attendant l'hiver, père des gros volumes.
   Nous avons reçu : Notre Dame de Confort, sanctuaire des frères
prêcheurs à Lyon' (1218-1791), par le R. P. Marie-Philippe Fontali-
rant, des frères prêcheurs. Lyon, Josserand, 1875. S'est une esquisse
rapide, trop courte à notre gré, de ce gui fut un des monuments les
plus précieux de notre ville, renversé par le vandalisme, en 1822.
Nous espérons que l'auteur, qui a recueilli tant de documents, nous
donnera bientôt une histoire de l'ordre des frères prêcheurs à Lyon,
et surtout qu'il se souviendra que jadis Lyon fut célèbre par ses belles
éditions. C'est une honte et une douleur quand on voit les produits
que les rivaux de Louis Perrin livrent aujourd'hui au public.
   De la formation de la volonté, par M. l'abbé Mellier, est du moins
de la bonne maison. Un beau livre bien imprimé procure au lecteur
double charme; l'esprit suit avec délices la pensée de l'auteur, il se
l'incorpore, il la fait sienne quand il peut errer en liberté le long
des belles pages comme à travers les allées d'un beau jardin et qu'il
n'est pas arrêté à chaque pas par les broussailles de la,négligence ou
du mauvais goût.
   Ce n'est pas à propos de belles éditions que nous devrions parler
de Vieux châteaux et vieux autographes, souvenirs du Lyon d'au-
trefois, publiés par Alexis Rousset. Ce volume, à part la préface, est
autographié. C'est un recueil libre et sans prétention de lettres,
chansons, épigrammes, gaudrioles, signées de tous les littérateurs,
poètes, peintres, qui ont vécu à Lyon depuis trente ans, mais les