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CHRONIQUE LOCALE. 253 dessins qui accompagnent cette débauche de l'esprit sont si originaux, si fins, si gouailleurs, si gaulois, qu'on ne peut s'arracher à ces pages comiques et d'ailleurs plusieurs de ces dessins ont l'immense mérite de rappeler des monuments tombés en poussière, démolis, brutale- ment anéantis, comme l'église des Jacobins ; c'est l'église de l'Obser- vance, ce bijou de la renaissance, c'est la Colonne des cordeliers, la Commanderie de Saint-Georges, le Grenier à sel, que du moins nous ne regrettons pas, l'ancien séminaire, la préfecture, la Tour Pitrat et tant d'autres, et quels portraits charges, quelles caricatures de Bonnefond, Genod, Billiet, Rousset, un maréchal, un préfet, un député, le baron Raverat, notre infatigable voyageur qui marche sur la pointe des montagnes, et ces billets fantastiques signés Louis d'Amboise (Louis Perrin qui habitait la rue d'Amboise) ; Glaqueposse (Delacroix), Rousseti (Rousset), Fouillerot (Trimolet), Gêne eau (Genod). Et cette proclamation des chefs de la république des lntelllligences qui, le 26 juillet 1848, met en accusation le citoyen Boitel : « L'ancien Gouvernement... ayant totalement foulé aux pieds les devoirs qu'il s'était chargé de remplir, d'une part ; par sa coupable indifférence ayant laissé le peuple intelllligent dans l'affreuse pers- pective de ne plus dîner Premier décret : l'ancien gouvernement est renversé ! le citoyen Boitel, dit Léon, est mis en accusation ainsi que les adhérents à son affreux système (depuis la république ils avaient oublié d'inviter leurs amis à dîner). Pour les entendre, on se réunira au Pavillon Nicolas. Deuxième décret : Vu la position fâcheuse du moment, vu la somptueuse prodigalité de l'ancien régime, les frais de chaque séance ne devront pas dépasser trois francs. . . . Signe : les membres de la Commission provisoire : Fonville, président, ouvrier lithographe, Maniquet, secrétaire, ouvrier en doubles croches, Trimolet dit Fouillerot, ouvrier rentier, Bonirotte, ouvrier à l'huile, Barioz, garçon épicier, Vibert, ouvrier graveur. Le tout orné de sceaux, de'dessins et d'emblèmes. On ne pouvait se moquer d'une manière plus fine et plus hardie du régime qui nous gouvernait alors. Un autre ouvrage, mais qui, cette fois, fait honneur à notre ville, est le nouveau volume que va publier notre poète Soulary. A peine annoncé, même avant son apparition, il est salué des éloges de la presse et l'auteur voit ses confrères et ses amis lui adresser leurs affectueuses félicitations. Nous recevons de la Muse du Dauphiné un sonnet que nous nous empressons d'insérer dans la Revue. A JOSEPHIN SOULARY au sujet do la prochaine apparition de son nouveau livre de vers. Ainsi, la Poésie au souffle inspirateur Ne quitte point vos pas, dans son amour fidèle ; Jetant sur vos travaux les rayons de son aile, D'un beau livre de plus elle vous fait auteur. Qu'il vienne ce bijou, ce trésor enchanteur ! Le monde des lettrés le désire et l'appelle ; On y reconnaîtra la lyre fière et belle Du maître des sonnets, admirable chanteur!