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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 377 donna quelques imitations en vers français de l'Anthologie grecque, de Martial et d'Owen, mais déjà à l'âge de 16 ans il s'était essayé dans la poésie et avait publié dans des journaux et dans des recueils des imitations de Martial et de YAnthologie grecque, sous le pseudonyme d'Isidore Forlis de Lyon. Ces précoces essais avaient révélé un sa- vant profond avant l'âge, et un poète qui savait faire passer dans notre langue les finesses et les beautés du latin et du grec. Raconterai-jeici sa vie si bien remplie?M. d'Aigueperse l'a déjà fait avec un goût si parfait à la Société littéraire dont Breghot du Lut fut l'un des fondateurs, en 1807, et qu'il présida souvent. Je n'essaierai donc pas même d'es- quisser ici à grands traits cette existence si modeste, mais pourtant non sans gloire, d'énumérer ces jours dont cha- cun, jusqu'à sa dernière heure, fat consacré aux travaux les plus sérieux, aux œuvres les plus utiles et qui ont assuré déjà à leur auteur une place si belle parmi les hommes de science et de grand savoir d'élite de notre ville. La magistrature, je l'ai dit, l'enleva au barreau. D'abord substitut, il fut plus tard vice-président du tribunal civil de Lyon, et la Cour tint ensuite à honneur de le compter dans ses rangs. A cette même Cour siégeait alors, comme pro- cureur-général, un homme d'un rare mérite, M. de Cour- voisier, que le roi appela ensuite dans ses conseils; mais cet homme éminent à tant de titres croyait, comme d'autres l'ont cru naïvement, qu'un magistrat, dans ses moments de loisirs ne pouvait pas, sans déroger presque, se consacrer à des travaux scientifiques ou littéraires. M. de Courvoisier ne pardonna pas à M. Breghot du Lut d'être un savant ; un soir, assis à une table de jeu, se retournant brusque- ment vers M. Breghot, qui était mêlé à une conversation