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BIBLIOGRAPHIE. 433 La bibliothèque provençale sort k peine à présent de l'état rudimentaire où l'ont laissée les (élibres plus jaloux, semble- t-il, de chanter et de pérorer au grand air (1) que d'écrire pour un public restreint mais choisi. Le recueil poétique de M. Gabriel Azaïs vient d'enrichir cette petite bibliothèque d'un livre qui y occupera une place distinguée. L'auteur prépare en même temps que le vaste répertoire de la langue vulgairement parlée dans le midi de la tyance, le Breviari d'Jmor, grande encyclopédie morale du xme siècle. En mettant au jour les Fesprados du « castel sauvertous » de Clairac, M. Azaïs « qu'a tant fa et fai tant encaro per l'ou- nour et l'espandimen de la literaturo provençalo », s'est pro- posé de montrer aux jeunes troubadours méridionaux la bonne manière d'écrire dans une langue naïve et robuste, qui cache sous une apparente trivialité une force et une douceur, un charme d'harmonie imitative capables seule- ment d'être bien appréciés par ceux qui en ont fait une étude longue et réfléchie. Le mérite du livre ne se borne pas à cela. L'auteur, en le publiant, a voulu donner la me- sure de son rare talent poétique, qui ne s'était révélé jusqu'à présent que par quelques pièces fort bien tournées mais aussi courtes que légères parues de loin en loin dans YJr- mana Prouvençau: D'autres écrivains peuvent revendiquer une verve égale a celle de M. Gabriel Azaïs, mais on n'en trouverait qu'un très-petit nombre aussi maîtres de leur instrument et dont la langue soit plus abondante, plus savante aussi, sans exa- gération ni pédantisme. Notre compatriote « bezieren » est surtout un très- agréable conteur, a Qui jamais conta mieux, dit Roumanille, (1) Et comme exemple, il nous suffit de rappeler au lecteur les derniè- res féfes d'Avignon (Centenaire de Pétrarque).