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                        ÉPJTRES D'ANGE POLITIEN.                           125

                Et se puô nulla in te mio antiquo affetto,
                Per quella pietà che 'n te pur régna,
                Non mi sia questo dono da te disdetto ;

                Ch' almen in cenernella patria io vegna,
                A riposar col padre mio diletto,
                Che già ti fe si gloriosa e degna.

   En voici une pâle traduction :
    Puisque je suis né dans ton sein, ô Florence ! que le sort malheu-
 reux d'un de tes enfants excite du moins ta pitié, que ses maux cruels ne
 te trouvent pas tout à fait insensible, puisque c'est toi qui l'as nourri, qui
 l'as élevé. Il est une destinée qui préside à la naissance de chacun des
 êtres qui reçoivcut la vie, qui donne à chaque oiseau son ramage et son
vol : seul je fus réservé pour être un modèle du plus affreux malheur.
Mais si tu n'es point touchée par la tendre affeclion que je te portai tou-
jours, ô ma chère patrie ! Au nom de cette pitié généreuse qui te caracté-
rise, ne me refuse pas la grâce que je vais te demander : qu'au moins mes
cendres puissent reposer avec celles d'un père tendrement chéri, et qui
jadis fît ta gloire et la prospérité !


   Tel est l'homme auquel une critique banale reproche les
plus grossiers mobiles de vanité et d'ambition. J'ai, prouvé
que la Fortune , par un retour trop ordinaire, lui avait
fait expier les faveurs dont elle avait comblé ses aïeux.
J'ai cité les autorités dont le témoignage établit qu'il en
avait pourtant toutes les vertus. Je n'ai plus qu'à répéter
ce que dit, à propos de sa chute , notre Philippe de Com-
mines, qui l'alla visiter et consoler dans son exil à
Venise : « Telles sont les aventures du monde, que celuy
qui fuit et perd, ne trouve point seulement qui le chasse,
mais ses amis se tournent ses ennemis (1)! »

                                           Edmond      DE PIELLAT.


  (I) Ph de Commines, Mémoires, liv. vu, chap. vin.