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            LETTRES ARCHÉOLOGIQUES SUB LE FOREZ




   LE P R I E U R É DE SAINT-SAUVEUR

                                (SIN   (*)




    Cependant la dernière heure du monde ne se fit pas
 entendre, les hommes virent s'ajourner l'époque du juge-
 ment; chassée par un vent de justice, la foule confuse
 ne prit pas la route de Josaphat. Dieu, dans sa miséri-
 corde infinie, dispensait quelques jours de grâce : l'huma-
 nité défaillante se reprit alors à vivre, elle revint de sa
 torpeur et son cœur débordant d'espérance tressaillit
 d'allégresse comme aux approches d'un premier prin-
 temps.
    C'est l'époque où tous les monastères se reconstruisent,
 où toute la France se couvre d'églises, magnifiques can-
tiques» de pierre qui forment comme un chœur continu,
incomparables poèmes pleins d'une immortelle poésie.
    Et ce n'est pas seulement dans la basilique romane
qu'éclatent la joie et le triomphe de la résurrection :
voilà que s'ouvre en même temps l'ère idéale de la cheva-
lerie. Les troubadours ont pris naissance; ils errent de
castel en castel, ils chantent sous la fenêtre féodale, déjà
les manoirs résonnent de l'écho de leurs ballades.
   Ce fut au milieu de cet élan universel, en ces temps

  (*) Voir la précédente livraison.