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POÉSIE. Quel bonheur, quand le soleil brille, De saisir un papillon bleu ! De contempler sous la charmille Un gentil pinson qui babille Et nous lance un regard de feu ! Ou d'être assis dans la vallée Sous un saule où le ramier dort * Quand sur sa cime échevelée, De vapeurs légères voilée, L'aube en naissant jette un flot d'or ! Là -bas, là -bas, dans ce grand monde, Le cœur se brise ou se durcit ; Là , pas un souffle qui réponde. Tout est mobile comme l'onde, Tout est mirage ou sombre nuit. Sur cette terre où tout se penche, Où l'on va chancelant toujours, Où, quand on croit saisir la branche La froide et terrible avalanche Vient vous étreindre dans son cours ; Forte, j'aurais suivi la trace De tes plaisirs, de tes douleurs ; J'aurais dit : Le courant qui passe, Le neige que l'hiver entasse Ne pourront désunir nos cœurs. Souvent, le soir, sous un vieux tremble Après un pesant jour d'été, Nous aurions pu rimer ensemble Qu'il n'est besoin que le sol tremble Pour jouir de la liberté. Mais, hélas ! tu cherchais la gloire Sous les ronces, sous les brisants !.. Du droit romain la docte histoire, De Cujas le sombre grimoire, Fanaient les fleurs de ton printemps.