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ÉP1TRES D'ANGE POLITIEN. 77 imiter les Grecs. Je serai sans nombre ? c'est que je goûte la manière de Philostrate. Lâche et incorrect, j'aurai le style d'Aquila. Avec une mesure apperçue et de la liaison, j'aurai celui qui plaît à Quintilien. En donnant aux choses communes un air commun, aux nouvelles un ton nouveau, je rends mon style analogue à mon sujet. Et si je rends les choses nouvelles sous une forme commune, et les commu- nes sous une forme nouvelle, je suis encore exempt de blâme, parce que j'observe l'ancien précepte : T« piv xotvà xatvwç, TK de jtcuvâ xoivô? (1). Je pourrois, par ces alterna- tives, lutter en quelque sorte contre les censeurs : ils diront, après tout, ce qu'ils voudront. Pour vous, mon cher Médicis, vous serez satisfait, soit que mes lettres soient bonnes, ou qu'elles n'aient à vos yeux d'autre mérite que ma complaisance, qui vous les envoie. Adieu. à Florence, 1494. « Cette lettre servant d'épître dédicatoire, est ici par cette raison la première en rang, quoique la dernière en date. On ne sait pas à la vérité la date du mois ni du jour, mais seulement de l'année où elle fut écrite. Politien, en effet, étant mort le 24 septembre 1494, et la dernière lettre qu'on voie de lui, dans ce recueil, étant du mois de juin précé- dent, il est aisé de juger que celle-ci n'a été écrite que dans l'intervalle de ce mois à l'autre (2). » La Monnoye finit avec raison ses remarques sur cette lettre, par dire que, toute pleine qu'elle est de littérature, elle n'a pourtant point l'air pédant; la doctrine y est (1) Ce précepte se lit à la fin de l'épître première de Philostrate déjà citée : 2«ywç t?è spp&v&v<70fi.sv, x«l é'ç» sirslsiaç, «v TÔV vojjSévrwv ra piv xoivà xatvfis, Ta $ï xaivà xoivwç y/)aÇ«f*3y. Nous nous expliquerons clairement et sans bassesse, si des choses que nous pensons, nous expri- mons les communes en termes nouveaux rt les nouvelles en termes com- muns. (2) La Monnoye, Menagiana, 1729, tome I " p . 378.