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266 GÉNÉALOGIE DES COMTES DE V1NTEM1LLE. leur manquera iamais. L'autre, qui est la principalle, c'est que i'ay tousiours estimé les tiltres spécieux et tant re- commandâmes parmi les hommes, estre plains de vanité, servant plus à la destruction qu'à l'édification de l'ame, d'autant que l'esprit de l'homme s'amusant à ces fumeu- ses ambitions et peintures de ses maieurs, oublie plus sou- vent Dieu et s'addonne plus à suivre les honneurs et fa- veurs de Cour, qui n'est que l'escorce, que la vraye pieté et vertu, qui est la moelle et l'intérieur de ces personnes illustres. Vous sçavez ce que dit le psalmiste au 49 : Aucuns se sont à leurs Ihresors tenus, Se faisans forts de leurs grands revenus ; Mais nul ne peult faire son frère vivre, N'offrir à Dieu rançon qui le délivre. Et toutefois tout le discours qu'ils font, C'est qu'à iamais leurs maisons dureront, Que leur logis et places de leur nom Defilsen fils porteront leur renom. Leur train ne tend qu'à folle vanité. Le reste du psalme enseigne que tous ceux qui met- tent leur courage en ces choses vaines et transitoires, se perdent eux mesmes et sont du tout insensez : Il n'est plus homme, ains aux bestes ressemble, Desquels meurt ame et le corps tout ensemble. Il n'y a doute que ces soucis et vanitez donnent une infinité d'afflictions aux esprits qui suivent le monde, rongeans leur cœur par ambition, convoitise, orgueil, mespris et envie, tellement qu'il n'est possible d'aymer Dieu et ces choses ensemble. Or, ma part, comme i'es- time la louange sordide provenant de la bouche d'autruy, aussi ai-ie pensé qu'elle seroit telle sortant de la mienne propre, et ay mieux aymé me tenir comme en ténèbres caché soùbs une mer d'oubliance, que de faire sonner en