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                    NOUVELLE DAUPHINOISE.                21b

     — Oui, mais avec ta fortune, tu aurais pu épouser une
  demoiselle de la ville...
     — C'est cela ! une petite précieuse égoïste qui aurait un
  langage affecté, des manières pleines de prétentions, qui
  ne voudrait pas seulement s'asseoir sur nos chaises de
  paille, qui mépriserait mes parents !... Oh ! que non pas !
 D'ailleurs, n'es-tu pas plus belle que toutes ces pécores à
 minauderie ? Ont-elles ta grâce, ta simplicité, ton sourire ?
 Leurs colifichets peuvent-ils remplacer ta fraîche robe l i -
 las, que j'admire, le dimanche? Ont-elles des cheveux d'or
 comme les tiens, et si soyeux qu'on les toucherait tout le
 jour, qu'on les baiserait à plaisir, — ainsi que je veux le
 faire en ce moment... — Possèdent-elles des yeux pareils
 à tes yeux bleus, dont il me semble ne jamais voir le fond,
 tant ils sont grands et magnifiques ? Non, non ! Ensuite,
je ne puis aimer que toi, puisque mon cœur est ton bien ;
 personne ne te le volera !
    — Pas même la mort... Une mort prochaine aurait-il
 pu ajouter.
    Et ils s'embrassèrent, en se répétant ce mot si doux ; si
suave :•— Je t'aime I
    Ils étaient joyeux ensemble, ces pauvres jeunes gens ;
rien ne paraissait devoir troubler, la sérénité de leurs beaux
rêves ; l'avenir apparaît toujours si plein de charmes à ces
existences de vingt ans ! Oh ! l'espérance ! quelle jolie ber-
ceuse ! et comme on se complait à l'écouter, cette sirène à
l'enivrant sourire ! Ne médisons jamais d'elle ; hélas ! que
ferions-nous, en ce monde, sans cette adorable et capri- <
cieuse amie?,..
                              IV
   Deux jours après la promenade de Marguerite et de J u -
lien, le père de ce dernier rentra, bouleversé et l'œil en
feu, dans sa demeure.
   — Vous ne savez pas la grande nouvelle? dit-il à sa
femme et à son fils.
   — Nous attendons que tu nous l'apprennes.