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316           ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS.

gées les deux collines et les rives des deux beaux fleuves
qui en baignent le pied.
   Apportant dans les plis de leur manteau les arts et
l'industrie d'un pays déjà avancé en civilisation, les nou-
veaux venus s'exprimaient dans une langue riche, sonore
et souverainement harmonieuse ; mais contrairement à ce
qui se passa plus tard à l'époque de la conquête et de la
domination romaine, ils ne purent, perdus qu'ils étaient
dans la foule, dominer assez le peuple avec lequel ils te-
naient à conserver de bons rapports, pour lui imposer
leurs mœurs et leur langage. Ce furent eux, au contraire,
qui, par les alliances qu'ils contractèrent avec les indi-
 gènes, durent se fondre peu à peu avec les propriétaires du
 sol, et se plier à leur langage et à leurs coutumes. A peine
 quelques mots, se rapportant en grande partie aux arts
 ou à l'industrie, ou indiquant des objets ou idées nou-
 veaux aux yeux de ce peuple tout primitif, ont-ils sur-
 nagé dans le pêle-mêle qui a absorbé la langue des
 arrivants dans celle des peuples autochtones. Voilà ce qui
 nous explique comment nous rencontrons un si petit nom-
 bre de locutions grecques dans la langue qui s'est trans-
 mise jusqu'à nous, et sur laquelle le latin, dérivé lui-même
 du grec, devait exercer plus tard une bien plus grande in-
 fluence. Laissant donc de côté tous les noms grecs, — et
 ils sont nombreux, — que nous pouvons avoir reçus par
 la voie des latins, je ne relaterai ici que ceux qui ont re-
 tenu directement dans le roman la forme grecque, et dont
 les similaires sont presque méconnaissables, ou tout au
 moins fort altérés dans le latin. N'ayant point ici à m'oc-
 cuper de comparer le génie des deux langues, grecque et
 romane, ma tâche sera bien simplifiée ; elle se bornera à
 mettre en regard du mot patois le mot hellénique corres-
 pondant ou celui qui en est évidemment la racine.