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UNE VISITE A L'EXPOSITION. 24!) Dans la quatrième galerie, le cœnr se serre (levant La femme d'Alsace, un fusil à la main, pâle, énergique, debout contre sa maison trouée par les boulets prussiens... Au loin, on aperçoit la fumée rougeâtrc du feu ennemi. .. Pauvre chère Alsacienne ! On voudrait lui serrer la main : elle a un air saisissant, à force de courageuse tristesse. Ce tableau a biea la couleur mélancolique qui convient à un pareil sujet. Je citerai encore, car les extrêmes se touchent, Une jeune coquette prenant son thé. C'est an ravissant tableau de genre. Puis, Un chasseur avec ses chiens. Nous allons admirer, dans uae autre salle, La jeune mourante de Fabisch, l'éroinent sculpteur , le Directeur de l'Ecole des Beaux-Arts. Quelle ineffable sérénité sur ce front de jeune femme, souriant même à la nK*rt qaï vient frapper ses vingt ans ! Elle est si douce, si résignée et. si belle, que je me suis penchée, à deux reprises, sur son front pour l'embrasser et, je croyais presque,qu'elle le sentait. Je touchais ses mains délicates, je voyais ce chien fidèle couché à ses pieds ; il la regarde mourir, sans savoir qu'elle meurt, maïs il comprend qu'elle souffre et il reste là Cher ange, je n'ai pa m'enipêcher de vous aimer. On m'a dit que cette statue était un portrait, c'est un être char- mant envolé vers les deux. Fabisch a encore une Madone jolie à ravir, avec un Santissimo Bambino délicieux. Le ciseau de Fabisch est plein de suavité et de grâce, comme celui de Textor est plein de puissance. Saluons en passant une dame, Mme A . . , marbre vivant, par Guillaume Bonnet. Dans une salle consacrée aux vieilles peintures, on a placé, entre autre;4, une toile de Rubens : Le triomphe de la Religion, où l'on retrouve la puissance et le coloris éclatant du maître ; un Titien , la flagellation , un Christ attribué à Jean de Boulogne, un Calvaire, une Eve Au. malheureux Cubisoie, puis un portrait de soldat, signé : Horace Vernet ; cette toile est vraie, parlante, naïve. Enfin, un christ, petit ivoire superbe, chef-d'œuvre d'un maître inconnu. L'humanité souffre, la chair palpite, mais Sa divinité se fait pressentir et relève ta douleur.