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L'ÉGLISE DE LALOUVESC. 433 Ainsi que l'homme imbu d'une éducation supérieure, le style grec ne crie pas pour se faire entendre ou se faire remarquer. Il s'est montré longtemps dans une société habituée aux belles manières et il en a gardé les reflets. L'art religieux doit suivre la même voie ; mais pour cela il ne faut plus conserver pour le gothique un culte aveu- gle et fétichiste. Ce qui a été un objet d'engouement doit être maintenant un sujet d'études, et c'est ainsi que l'on parviendra, à l'exemple de l'architecte de l'église de Lalouvesc, à donner à l'art chrétien cette noblesse de caractère qu'il comporte et ce charme irrésistible qui se révèle de toutes parts dans la petite église dont nous parlons. Le génie de l'homme modeste qui a créé cette œuvre ne s'est montré ici que sur une scène restreinte, et pour- tant il est saisissant ; la force expansive de l'inspiration frappe les yeux les moins exercés ; la pensée mystique est complète jusque dans ses moindres détails et concourt admirablement à la décoration générale. Mieux que tous les écrits, l'église de Lalouvesc sera une éloquente prédication du grand art et un des puissants moyens de vulgarisation. L'architecte n'a pas compris autrement l'enseignement artistique de l'architecture. Ce n'est pas la plume qu'il a prise, c'est le crayon ; il ne s'est pas laissé aller aux dissertations théoriques que l'on oublie presque aussitôt qu'on les a lues, il a créé dans ses monuments de véritables modèles d'étude. Assurément l'église dont nous venons de parler est une oeuvre fort remarquable, mais elle n'est qu'un de ces nombreux joyaux comme l'artiste en a semé, depuis plus de vingt ans, dans diverses régions. Notre diocèse a été particu- lièrement favorisé. JSous connaissons la plupart de ces églises, dont quelques-unes, simples églises de vil-