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70 APPKOCHE, SI TU ES HARDI ! retrouver, il va chez la Servajanne. Elle prend une ba- guette, en frappe l'homme interdit. — Tu cherches ta bourse, toi ? — Ma grande conscience, oui, répondit-il, — On te l'a volée. — Ah ! et pourriez-vous me dire où est le voleur? — Sur le chemin de la prison. Et l'homme de partir, en payant, avisant sur la route de la ville tous les voyageurs et criant : — Ne m'avez-vous point dérobé, vous autres? Il alla jus- qu'à la geôle demander si son larron n'y était pas écroué ! Avec des intelligences de cette force, comment voulez- vous qu'il n'y ait plus de sorciers ? Il y en aura toujours. On arrachera les cheveux à la personne qu'on aime, on lui prendra ses rubans, on four- nira un objet quelconque, bijou ou fiole, pourvu que cela vienne d'elle. Au reste, l'antre d'Oudan était merveilleusement disposé pour le métier. C'était une maison de pauvre apparence, en contre-bas du chemin; à gauche, en montant, on entrait par quelques marches au logis ; au dessous, une étable de chèvres, sauf votre respect, pour attacher les mires (1) des consultants et pour fournir aux compères le temps d'interroger un peu les arrivants, histoire d'entendre leur affaire à travers le plancher, Mais sur le mur de la maison' un grand diable noir était peinturluré. La sorcière a démé- nagé et porté son domicile à la ville ; car les citadins, chacun sait ça, ne sont pas superstitieux, mais au con- traire forts esprits, éclairés et les plus bourgeois, dévots et rangés ne sont pas ceux qui ont le moins recours aux sor- ciers. Il est vrai que c'est un peu caché, on n'en sait rien du tout ; seulement le grand et le petit jeu coûtent le double. C'est donc chez la Servajanne que Clément Favier résolut (1) Sommes ou mires contraction de ministres, ânesses.