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                  APPROCHE, SI TU ES HARDI !               71

  d'aller pour avoir le moyen de surprendre la fée Idéah !
  secret qu'il n'avait pu trouver sur ses livres.
    Mais hélas ! comment porter un cheveu de la fée ? C'est
 aussi difficile de la saisir par sa blonde crinière que de la
 prendre à la taille. Un ruban? un pan de sa robe ? Ah ! le
 bon conseil que lui ont donné les journaliers ! Désespéré
 de cette idée, il en vint à ne plus croire à la réalité de la
 fée. Ses yeux, fatigués de veilles, s'étaient trompés ; une
 vaine apparence, les fleurs blanches du poirier, voilà tout
 le fantôme. D'ailleurs, en lisant, il n'avait jamais vu qu'il
 existât de vrais fayolles, sinon dans les contes. Quelque
chose lui disait que vraiment ce n'était qu'imagination ou
 bien le souvenir de quelque ancienne prêtresse païenne
des anciens jours. Oui, sans doute;, mais il avait fort bien
entendu parler sa chère Idéah : Approche, si tu es hardi !
Le pauvre gars b'en fut sous le poirier, tourna autour du
tronc, avisa délicatement parmi l'herbe : rien pour cheveu
de fée, pas même un de ces longs fils que l'air emmène
à l'automne, si blancs et si légers ; la ronde empreinte des
pieds mignons avait, été fauchée, comme tout le pré ; il
s'appuya au pied de l'arbre en pleurant de rage. Voilà qu'il
vit gravé sur l'écorce un signe, une lettre, un grand I,
première lettre du nom aimé. Voilà ce que c'est que de
savoir écrire ; il prit son couteau, enleva le bout d'écorce,
qu'il porta à ses lèvres et sur son cœur, et courut comme
un fou à Oudan.

                             V

                      LA CONSULTATION.


   Clément Favier entra si vite chez la sorcière qu'il n'a-
perçut pas, assise dans un coin, une jeune fille, venue
elle-même pour consulter la devine, mais cette fille était
 simplement habillée, d'un maintien modeste et d'un air si
franc, si honnête, qu'on était surpris de la voir dans cette