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                      CHRONIQUE LOCALE
     — Connaissez-vous le joli feuilleton que le Journal de Lyon a consacré
  dernièrement aux Vieux papiers d'un imprimeur? Jamais notre éminent
  poète Joséphin Soulary n'avait eu plus rude tâche; jamais il n'a mieux
  réussi. Séduit par l'exemple d'Alexandre Dumas qui avait eu la fantaisie.
 un jour, de hisser sur un piédestal le Boulanger de Nîmes, il a voulu, non
  par caprice, lui, mais par camaraderie, pure affection, vieille amitié,
 dresser aussi sur un socle un humble imprimeur qu'il savait n'avoir jamais
 été fort caressé ni par la renommée, ni par h fortune. Et le voilà travail-
 lant des pieds et des mains.de la tôle et surtout du cœur plus que pour sa
 gloire personnelle; louant d'ici, applaudissant do là; haussant un pauvre
 buste tant haut qu'il pouvait atteindre, le posant dans le jour le plus favo-
 rable et affirmant, au public étonné, que cette tête fruste, ceitè pierre à
 peine dégrossie était du marbre et avait quelque valeur.
    Depuis ce temps, beaucoup de gens ont cru que c'était arrivé et voilà le
 Directeur de la Revue du Lyonnais passé à l'état de poète.
    Merci à l'ami qui nous a fait cette réputation. Puisse-t-clle tenir au-delà
 de la tombe.
    Mais, pondant qu'il était entrain de louer les Vieux papiers d'un impri-
meur ? rimes, tirage et papier, n'a-t-il pas eu la fantaisie de parler de la
modestie de l'aiiteur? « Il n'ose emprunter sa Revue pour lui-même » dit-il,
moitié sérieux, moilié riant ; c'était un peu hasardé, et pour le prouver,
nous allons aujourd'hui longuement parler de nous Ce sera un avant-goût
de nos Mémoires.                                     .
    Le Directeur de la Revue est en même temps imprimeur ; à ce double
litre, il a une correspondance aussi nombreuse que varice. Voici une lettre
reçue le 21 mars dernier :
              Monsieur,
   «Il y a assez longtemps que vous prêtez vos infâmes presses à celte-igno-
ble feuille du Courrier de Lyon; nous vous prévenons que votre bicoque
est désignée, ainsi que celle du Salut Public, à devenir la proie des flam-
mes. Nous commencerons par vous, sous peu, si vous ne cessez d'impri-
mer cette feuille immonde. Cela sera d'autant plus facile que nous avons,
chez vous-même, des adhérents qui doivent, dans ce cas, seconder cette
lalale mais utile mission.
                                                Un international,
                                                   AD   HONORES.

  P.-S. Vous pouvez avertir Pérussel [sic) et toute sa séquelle. »
  Le Courrier a reproduit cette épître le 25, et le Salut Public, le 26.
Nous croyons qu'elle n'était qu'une mauvaise plaisanterie. Si on avait
voulu mettre le feu à notre imprimerie, on ne nous eût pas prévenu.
  — En voici une plus sérieuse, elle est d'un auteur offensé ; il est vrai
que c'est d'un mauvais auteur :
            Monsieur,
    « Vous n'avez pas daigné répondre à l'envoi que je vous ai fait, le mois
dernier, d'une pièce de vers sur laquelle j'ai en la naïveté d'appeler votre
attention en vous priant de m'en dire votre avis, pour le cas ou je trouve-
rais convenance à la publier. Déjà précédemment vous avez accueilli avec
le même silence dédaigneux, un envoi de même nature que je vous avais
fait de Milan, ce qui aurait dû me fixer sur votre politesse, mais enfin j'ai
pu supposer que vous reculiez devant la dépense d'un timbre-poste de