page suivante »
294 LA FONTAINE DU DIABLE.
longtemps ainsi, et le rossignol continua à chanter, comme
pour applaudir à leur amour. C'était le musicien des fian-
çailles, car Philomèîe ne connaît ni blason, ni titres aris-
tocratiques, ni distance sociale ; Philomèîe ne connaît
que l'amour.
V.
• De grandes fêtes se préparaient à Valence pour l'arri-
vée de Henri II, qui voulait voir la bonne ville que le roi
chevalier, son père, François I er , avait aimée. Comme
lui, le jeune souverain avait le goût des lettres et des arts,
un penchant très-prononcé pour le luxe, et l'influence
des Médicis se faisait d'ailleurs vivement sentir en
France.
Donc, lorsqu'on apprit que sa Majesté allait visiter le
Valentinois, on s'évertua à chercher comment l'on pour-
rait saluer dignement son passage. Madame la reine Ca-
therine devait rester à Paris, mais on regrettait fort peu
la sévère Italienne, qui n'était point sympathique. Enfin,
après une longue attente et de nombreux préparatifs, la
plus grande partie de la population de notre ville se porta
sur la route de Lyon.
Monseigneur l'évêque, le clergé, le sénéchal, les éche-
vins, les consuls, les hauts dignitaires delà magistrature
et de l'armée, les principaux personnages étaient à la
tête d'un cortège imposant. Parmi les grands seigneurs
étrangers ou appartenant à l'aristocratie dauphinoise,
on remarquait : les Crussoî, dont nous avons déjà parlé ;
— les La Tour-du-Pin ; — les LaBaume-Suze; — les de
Veynes, qui devaient un jour faire héritiers de leur belle
terre du Valentin les de Sièyes, famille très-consi-
dérée et très-populaire à Valence ; — les Saint-Vallier,
qui comptaient dans leur parenté I«s Lacroix-Saint-Val-