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248 LI-:S ciiAssri:iis i>iî P.MNNES niser à grand peine, dans l'obscurité, un abri provisoire en dehors à l'aide de quelques peaux de renne que j'éten- dis sur des bâtons, et des pierres que j'entassai pour m'élever au-dessus de l'eau. Grelottant de froid, mouillé jusqu'aux os, accablé de fatigue, je m'endormis, malgré les gouttière;.; qui m'inondaient et en dépit des efforts que je lis pour me tenir éveillé. Je commençais à com- prendre que la vie sauvage n'est point précisément une idylle. Mon sommeil ne fut pas long. Un événement imprévu vint brusquement l'interrompre, et mettre le comble à à ma détresse. Le toit improvisé qui m'abritait tant bien que mal s'était écroulé subitement, au risque de m'écraser. Ma couche pierreuse s'ébranlait sous moi; le sol oscil- lait; une immense clameur s'élevait par tout le village, et l'on entendait en tous sens les huttes craquer et s'ef- fondrer. Je me dégageai rapidement des débris sous lesquels j'étais enfoui, et je ne pus me relever et me tenir debout qu'en saisissant un piquet qui, par bonheur, se trouva sous ma main. Le sol paraissait glisser rapide- ment vers le fond de la vallée, comme s'il se fût tout à coup détaché de la base des rochers. Puis le mouvement diminua graduellement et le calme se fit. Je crus d'abord à un tremblement de terre. Comment expliquer autrement cet étrange phénomène ? Une terreur indicible s'était emparée de tous les habi- tants affolés, et rien ne peut donner idée de la confusion qui survint. Des femmes, des enfants couraient en tous sens en poussant des cris. On se heurtait dans l'obscu- rité et l'on se renversait dans la boue et dans l'eau. Tous les feux étaient éteints ; les trois quarts des huttes ren- versées ou inondées.