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LES CÃIASSEUUS DE RENKLS. 24 ( J XXXIV Je courais moi-même appelant I-ka-eli à grands cris, et je finis par la rejoindre au milieu du tumulte. — Un grand malheur nous menace! s'écria-t-elle. Les sorciers le disent et les présages le confirment. Mais le danger le plus pressant n'est point ici. Je viens d'apprendre qu'une troupe nombreuse de Cheveux-Pâles est en marche et se dirige vers le Rocher, qui n'est point gardé. J'avais en effet oublié, en général inexpérimenté, de faire occuper notre unique point de refuge. Et cependant, l'ennemi, une fois maître de cette position inexpugnable, nous étions à sa merci, obligés d'accepter honteusement ses conditions, quelque rigoureuses qu'elles fussent. La faute était donc immense, peut-être irréparable. Pendant qu'I-ka-eh, usant de son autorité, rassem- blait à grand peine quelques hommes de bonne volonté, je courus à ma hutte, pour y prendre mon fusil et ma cartouchière, que j'avais heureusement suspendu aux perches du toit, à l'abri de l'inondation ; puis à la tête de ma petite troupe, je gravis au pas de course les pentes qui conduisaient au Rocher. Quand j ' y arrivai, la plate- forme supérieure était déserte ; nous étions sauvés ! Mais il fallait aviser â une défense énergique. Je grou- pai mes hommes sur le point culminant. On ramassa à la hâte de lourdes pierres, pour les faire ro lier au besoin sur les agresseurs, et j'envoyai en avant quelques éclai- reurs. L'obscurité nous était favorable. L'ennemi ne pouvait nous compter, et, blottis contre les rochers, im- mobiles, silencieux, nous attendîmes, prêts à le surpren- dre, avec l'avantage de la position.