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CLAUDIUS SOBLARY. 211 l'ai pu l'exemple qu'elle contient. Soulary, par les facul- tés dont il était doué, par ses rares dispositions pour la peinture, pouvait aspirer à de hautes destinées artisti- ques, mais les dons les plus heureux ont besoin pour se développer d'un travail incessant. Ce travail est néces- saire surtout à l'âge où se forme la manière des artistes. Nul ne peut se flatter de devenir un peintre renommé, s'il ne joint aux dons naturels qui lui ont été prodigués cette grande vertu qu'on nomme la persévérance. La fortune même, qui donne pourtant une heureuse indépendance, est parfois funeste. En facilitant une existence de plaisir, elle énerve les organisations les mieux douées, et l'exis- tence tout entière garde des traces indélébiles d'un re- lâchement regrettable dans les études. C'est ainsi que l'ar- liste dont nous retraçons la mémoire a vu des condisci- ples moins favorisés peut-être que lui par la nature le dépasser grâce au travail, et produire des toiles qui, après avoir fait l'admiration de leurs contemporains, assurent à leur nom les hommages de la postérité. Lorsque Soulary a été appelé à la direction de l'École Stéphanoise, il avait renoncé en partie à une si haute ambition, mais ses vues, pour être plus modestes, n'en étaient pas moins élevées. Il désirait vivre dans le sou- venir de ses compatriotes d'adoption et surtout de ses chers élèves. Sa pensée restera en effet gravée dans nos cœurs en traits ineffaçables. Quelques-unes de ses œuvres resteront comme le témoignage irrécusable de son talent. Son nom appartient à notre histoire locale, il vivra dans les annales de l'École, car c'est dans les premières années de sa direction que cette institution a pris un dévelop- pement qu'elle n'a jamais eu avant lui. CHAMPIER.