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              LE PAGE DU BARON DES ARRETS.             351

toire dira que depuis le jour où il a 'porté l'épée, il n'a
jamais été vaincu.
    Beaumont, à cet accueil, se senti! incapable d'exhaler
sa fureur. Sa poitrine oppressée ne put que pousser un
soupir et sa langue embarrassée que murmurer quel-
ques mots queSoubise prit pour un compliment.
    — Je vous remercie, général, reprit le duc en lui ser-
rant la main, mais votre empressement a été trop grand
et, j'en suis honteux, vous n'avez pris le temps ni de
vous reposer, ni môme, je le vois, de quitter votre cos-
tume de guerre ; j'apprends que l'armée arrive à peine,
et je ne sais comment vous remercier. Pour fêter votre
arrivée, j'ai invité les personnes les plus considérables
de la ville. Malgré mon désir de vous recevoir digne-
ment, le repas sera modeste, mais vous serez indulgent.
Une autre fois uous-forons mieux.
    Beaumont ne pouvait -vê0^ve.        ÃI ressemblait à un
lion enveloppé d'un immense filet, lise voyait perdu, et
sentait que les plus violents efforts ne pouvaient le sau-
ver. Nulle part il n'éprouvait de résistance, nulle part
ne se dressait un obstacle qu'il pût heurter et renverser.
Les mailles qui l'entouraient cédaient de tous les côtés,
mais aucune force ne pouvait les rompre. La politesse
 du duc était si exquise et si vraie que l'on ne pouvait y
 répondre par une brutalité ; son accueil était si bienveil-
 lant qu'on ne pouvait le repousser. Mais les honneurs
 qu'il rendait indiquaient si bien la supériorité et le pou-
 voir qu'un aveugle seul eût pu s'y méprendre. Le vieux
 lion huguenot rugit à voix basse, mais il n'osa pas mor-
 dre et il se laissa, comme malgré lui, captiver par tous