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532 LE PAGE DD BARON DES ADRETS. les liens de fleurs et de soie que des mains habiles nouaient autour de lui. Les offhiers de Soubise l'entourèrent et lui prodiguè- rent les amitiés et les compliments; on exalta ses ex- ploits qui assuraient le triomphe de la Religion ; la reine mère appréciait son mérite et Condé le prisait fort ; les échevins et les consuls vantèrent les travaux qui embel- lissaient Lyon ; les dames se rappelèrent les fêtes de Pierre-Scize et, coup plus terrible que tout, une jeune étrangère lui parla de sa fille, cette ravissante demoi- selle aux cheveux noirs, qu'elle avait aperçue chevau- chant à côté de lui. Beaumont avait la tête perdue, son œil se promenait inconscient d'un interlocuteur à l'autre ; il n'entendait plus que des bruits vagues et confus, son esprit ne per- cevait plus le sens des paroles qui bourdonnaient autour de lui. Cependant, il fit un violent effort pour se remettre ; passant sa main sur son front, secouant ses angoisses et ses peines, il voulut, comme le gladiateur blessé, cacher la profondeur de sa blessure, mais il surprit le regard embarrassé de quelques personnages de la ville, le sou- rire de quelques officiers et sa tête se perdit de nouveau. Un mot pourtant le fit tressaillir et l'arracha encore à la torpeur qui le paralysait. — Vous la marierez bientôt, général, continuait la même douce voix. Si jeune et si belle, les partis ne lui manquent pas, et on dit qu'elle n'est pas indifférente à un de vos plus brillants officiers, votre ami, votre se- cond, le seigneur Blancon.... — Blancon ! Marianne ! s'écria Beaumont avec effort;